Sonia : C'est le printemps

          Sous les pavés, l'herbe. Celle qu'il avait fumé avant de sortir, celle qui lui mettait des étoiles dans les yeux et l'estomac dans les talons.

            Il éteignit la télé qui commençait à lui donner la nausée : toutes ces histoires de héros qu'il ne serait jamais, de familles parfaites qu'il exécrait et de choses simples à côté desquelles il ne fallait surtout pas passer. L'air frais lui faisait du bien, il passait du noir au rouge puis du jaune au bleu en quelques fractions de secondes.

            Se rappeler de ces éclats de lumière kaléidoscopiques qui lui faisait voir la vie en rose à défaut d'éléphants. Et pourquoi des éléphants d'ailleurs ? Lewis Carroll avait imaginé un chat qui apparaissait et disparaissait à volonté ; pour sa part il aurait aimé voir un okapi pointer son nez au bout de la rue. Il lui semblait d'ailleurs distinguer son museau surgissant de l'asphalte.

            Sous les pavés, la jungle. Le tam-tam de la police, le feulement de la Brigade des Stups en bas de l'immeuble.

            Quelle idée avait-il eu d'éteindre sa télé et de descendre dans la rue ? La faute au printemps et à ces foutues hormones qui lui commandaient de se mettre en chasse.Le butin serait maigre : une garde à vue et une fouille au corps. La prochaine fois, il planerait dans son canapé...